Introduction :
« Vous cherchez le bonheur, pauvres fous ? Passez votre chemin : le bonheur n'est nulle part » ( Louise Michel). Le bonheur étant l'état de satisfaction complète des tendances humaines, ce dernier n'est pas encouragé par nature mais se veut fugace. La contemplation, la sérénité, le bonheur constant : autant de paramètres qui n'ont jadis pas aidés à notre survie et les individus les plus heureux n'ont donc pas forcément été sélectionnés. Par nature le bonheur doit être éphémère, source de motivation, c'est le fruit de notre imagination : il n'est présent que dans notre esprit et ne se manifeste pas autrement. Par conséquent, la question à l'origine du texte : Pourquoi ne pouvons nous pas être heureux se pose puisque dans notre société la survie n'a plus la même connotation et suite aux nombreuses avancées scientifiques, nous n'avons jamais eu autant (ou aussi peu de temps) pour travailler notre esprit. Ainsi, dans son œuvre : Fondements de la métaphysique des mœurs, le philosophe empiriste: Emmanuel Kant développe le thème du bonheur mais aussi celui du désir qui y est lié. Le philosophe défend que pour un être fini : le bonheur est un concept indéterminé, et inatteignable puisque nous ne savons pas réellement ce que nous désirons et si désirs il y a, ces derniers peuvent nous mener au malheur car le bonheur est un idéal de notre imagination et dont aucune action ne peut favoriser ce dernier. En outre, Kant se demande ce qu'est ce que le bonheur pour un être fini et quelle action peut favoriser ce dernier pour être raisonnable ?
Afin de dépasser ce problème, dans un premier temps, Kant nous montre que le bonheur est un concept indéterminé et empirique et bien que tout le monde veuille être heureux, personne ne peut réellement dire ce qu'il désire. Ensuite, le philosophe souligne qu'un être fini ne peut pas savoir ce qu'il veut et est tiraillé par des désirs de richesse,longévité... qui semblent cependant l'amener au malheur. Enfin, Kant met en évidence qu'il se retrouve face à un problème insoluble qui consiste à se demander quelle action, quel impératif suivre afin de favoriser le bonheur qui n'est qu'un idéal et fruit de notre imagination.
Développement :
Tout d'abord, Kant introduit « Le concept du bonheur », par définition, le concept, c'est l'idée générale que l'on se fait et à partir duquel on reconnaît quelque chose. Le concept est évolutif (il évolue au cours de la vie et donc des expériences) mais aussi en partie a priori (déjà là avant l 'expérience). Selon l'idéologie de Kant développée par exemple dans son œuvre : Critique de la raison pure, le concept est l'un des fondements de la connaissance. De plus, le bonheur est l'état de satisfaction complète des tendances humaines. Le bonheur passe aussi par le contrôle de soi,et donc de ses désirs et permet la plénitude. Cela passe par le fait de ne pas être affecté par les événements malheureux et de les éviter : par exemple éviter les désirs irrépressibles, rester équanime et cela passe par le contrôle de ses désirs. Comme le dit le philosophe et religieux Bouddha : « Celui qui est le Maître de lui-même est plus grand que celui qui est le Maître du monde ». Cependant, le bonheur reste dans notre société abstrait et comme l'ajoute Kant : le bonheur est « un concept si indéterminé que malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que réellement il désire et il veut » Kant montre donc que pour être heureux, la connaissance de soi est primordiale, avoir conscience de ses désirs, c'est à dire une pulsion, une envie, une nécessité ou bien juste un confort ou une ambition. A travers ce que l'on peut approximer à une antithèse : « tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut... », l'auteur met en évidence le caractère inaccessible du bonheur. Ce que montre l'auteur est intéressant puisque pour être heureux il faut forcément savoir ce qui nous rend heureux, il faut nécessairement avoir conscience de ses désirs mais aussi de ses craintes (chose qu'il ne précise pas). Cependant, les désirs et leur connaissance mènent-ils vraiment au bonheur ? N'est ce pas justement les désirs qui nous éloignent de notre idéal de bonheur ? Car par nature nous craignons plus le bâton (sanction, échec) que nous sommes attirés par la carotte ( la récompense), l'angoisse et le stress étant des procédés naturels puissants qui participent à notre survie. De plus, nous pouvons remarquer que le philosophe utilise le mot « homme », caractéristique du sexe masculin et non Homme pour les humains en général. Serait-ce discriminatoire ? Les femmes ne sont donc pas incluses dans ses propos à moins que la femme ne soit pas soumise au même problème concernant la conception du bonheur... ce qui semble peu probable. Ainsi, la première hypothèse concernant la discrimination, la misogynie est plus probable car nous sommes au XVIIIème siècle et de nombreux philosophes ne voient pas les femmes comme dignes de raison et de réflexions philosophiques.
Ensuite, Kant apporte une réponse au problème mis en avant durant la première phrase : « La raison en est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dans leur ensemble empiriques ». Cela est en accord avec l'idéologie de Kant et l'importance de l'expérience. Or, par définition, le concept est composé par les expériences et cela est primordial, néanmoins, il y a une partie qui est a priori, c'est à dire qu'elle ne découle pas de l'expérience, qui est là avant. Kant défend son point de vue empirique et que « tous » les éléments qui composent le bonheur sont empiriques. La réponse au problème donné par Kant est donc que si le concept du bonheur est si indéterminé c'est donc parce que tous les éléments qui le compose sont dans leur ensemble empiriques et donc le bonheur ne pourrait pas être expérimenté sinon il ne serait pas indéterminé. Cependant, un doute peut planer sur la formulation de Kant car il stipule que « tous les éléments qui font partie du concept », c'est à dire les éléments dans leur intégralité et continue par : « sont dans leur ensemble empiriques », or, « dans leur ensemble » peut conforter le tout mais aussi nuancer et montrer une approximation qui défendrait le fait que nous pouvons expérimenter le bonheur mais de façon infime et en aucun cas intégrale et absolue. Les éléments qui constituent le concept du bonheur doivent être : « empruntés à l'expérience ». Mais qu'est ce que réellement l'expérience ? En quoi pouvons nous expérimenter ou pas le bonheur ? Par définition, l'expérience est la connaissance acquise à la suite d'une longue observation et d'une pratique ( expérimentation) de phénomènes. L'expérience regroupe donc l'ensemble des phénomènes connus. Or, par nature, le bonheur se veut éphémère et c'est bien pour cela qu'on l'apprécie. Comment serait la vie si elle était éternelle ? (Contradiction car qui dit vie dit mort car l'infini n’existe pas dans la nature). Pour pouvoir remplir le concept du bonheur, il faudrait donc, selon Kant, en faire l'expérience et c'est à dire en faire une longue pratique et observation ce qui est paradoxal car il se veut éphémère. Et l'expérience du bonheur pour remplir le concept est intéressant car n'est ce pas ce que les adeptes de la méditation, et fidèles de l'idéologie bouddhiste tentent de faire. De plus, la plasticité cérébrale veut qu'à force d'en faire l'expérience les circuits neuronaux liés au bonheur seraient amplifiés au détriment du malheur, stress, angoisse... Puis Kant continue à expliquer la raison en ajoutant que « cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future est nécessaire. ». Ainsi, l'auteur pointe un paradoxe puisque comme il le dit le concept du bonheur découle de l'expérience, est empirique cependant pour avoir une idée du bonheur « un tout absolu » est nécessaire or, en aucun cas, l'expérience ne peut revendiquer une connaissance absolue car elle est subjective et dépend de nos facultés mentales et de notre intuition sensible (capacité à recueillir les informations extérieures par nos sens). Alors qu'au contraire, l'absolu désigne l'universalité, c'est quelque chose de total, sans contingences. Puis, il finit la phrase en disant qu' « un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire », par conséquent, on peut comprendre qu'il faudrait passer une certaine forme de seuil de bien-être afin de pouvoir avoir une idée et conceptualiser le bonheur. Cependant, notre entendement nous le permet-il ? Kant souligne l' impossibilité de conceptualiser le bonheur un maximum de bien-être également dans toute notre condition future ou généralement l'Homme regrette le passé et craint l'avenir.
Nous avons donc vu que le philosophe donnait son avis sur la conceptualisation que nous nous faisons du bonheur, qui est un concept vide et indéterminé car pour cela, l'expérience est nécessaire et il faudrait dépasser un seuil de bien-être et atteindre un tout absolu qui est cependant inaccessible avec l'expérience et notre entendement ne nous permet pas de conceptualiser le bonheur. De même, Emmanuel Kant souligne que l'Homme ne peut pas être heureux et cela à cause des désirs qui l'anime (désirs irrépressibles) et qu'il a du mal à identifier.
Ensuite, nous allons nous intéresser aux différents désirs qui tiraillent « un être fini » et qui influent dans le fait qu'il ne sait pas ce qu'il veut. La conjonction de coordination « Or » à la ligne 4 marque le commencement de la deuxième partie de la réflexion. Il commence ici par « il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose », phrase qui a lieu d'être puisqu'elle nuance les propos du philosophe mais que veut-il dire pas un être fini ? Les propos peuvent sembler discriminatoires en ce sens que nous pourrions penser qu en opposition aux êtres finis il pourrait y avoir les trisomiques, autistes, aveugles et autres personnes possédants des troubles de l'entendement ou de l'intuition sensible qui feraient partie des êtres non finis . Cependant, cela est intéressant car la conception du bonheur peut changer en fonction de la perception que nous avons de la vie et certains troubles mentaux peuvent tout à fait permettre un accès facilité au bonheur ou bien la rendre encore plus difficile, comme par exemple la schizophrénie or comment savoir si ces troubles sévères du comportement éloignent ou rapprochent du bonheur qui plus est une notion subjective. D’après le texte, l' être fini se veut puissant et perspicace c'est a dire lucide, sensé, et intelligent, le mot vient du latin perspicax de perspicere : « pénétrer par le regard » il possède donc un esprit « pénétrant ». « Or, il est impossible qu'un être fini […] se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement ». Pour avoir un concept du bonheur, il faut donc savoir ce que l'on veut « ici » ce que nous pouvons comprendre comme sur Terre, durant notre vie. Il reprend le mot concept précédemment associé au bonheur et l'associe donc au désir et cela peut souligner leur imbrication ou le désir et plus particulièrement le désir irrépressible n'est-il pas source de malheur ?
Ensuite, Kant initie une série de question de la forme « Veut-il ? » ce qui en en fait une anaphore ( entre la ligne 5 et 9 ) et il insiste ainsi sur trois désirs communs à la majorité des Hommes et nous prend à parti à travers le questionnement. Tout d'abord : « Veut-il la richesse », en tant que philosophe occidental du XVIIIème siècle, Kant étudie les mœurs de sa société comme l'indique le titre : « Fondements de la métaphysique des mœurs », le mot fondement désigne les bases, les origines de plus, métaphysique vient du grec « meta ta phusika » ce qui signifie au delà de la physique, dans le contexte métaphysique désigne plus la réflexion au sujet des comportements humains, l'étude de l'Homme et enfin, les mœurs sont les pratiques et habitudes à une époque donnée. Le titre peut donc nous donner une meilleur approche de l'extrait étudié puisqu'il étudie la recherche constante du bonheur qui est l'un des buts ultimes lors de la vie et cela passe par une série de désirs qu'il questionne. La richesse en est un, n'est ce pas un désir irrépressible puisque l'on en veut toujours plus alors que ce que l'on appelle riche, cela est subjectif en fonction des pays ; ainsi, en France, la majorité des personnes ne sont pas riches mais si l'on se basait pas rapport aux revenus moyens Somaliens, ce se serait l'inverse. A ce désir, Kant nous répond par une énumération sous la forme d'une anaphore : « Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il par là attirer sur sa tête ! ». Le désir est donc associé au malheur, aux tracas et cela renforcé par l'exclamation.
Ensuite, Kant nous questionne sur un autre désir probable de cet être fini : « Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? ». La connaissance, c'est l'ensemble formé par les intuitions sensibles, les concepts et l'expérience, leur ajout ainsi que leur imbrication permettent de percevoir le monde qui nous entoure et de tenter de se représenter les phénomènes qui y ont lieu. Cependant, c'est une information plus ou moins complète. Les connaissances, aux même termes que les vérités, dépendent du temps et changent en fonction des lieux et des époques. Le désir de connaissance qui est en accord avec les mœurs de son temps, en effet Kant à vécu durant le siècle des lumières: le XVIIIème siècle. Avec l'édition de la première encyclopédie qui vise avec du texte mais aussi des illustrations à instruire le peuple et assouvir son besoin de connaissance. Les « lumières » peuvent être ce qui nous permet d'obtenir des connaissances ainsi on appelle lumière les philosophes tels Montesquieu et Rousseau qui ont éclairé le peuple. De même, au vu du contexte les « lumières » peuvent représenter vérité et on peut rapprocher cela du texte « La République » de Platon, il associe le Soleil à la vérité or le Soleil est la principale source de lumière. Dans son œuvre, Platon nous dit que nous ne pouvons pas regarder la vérité en face avec l'image du soleil représentant la vérité, il est impossible de regarder le soleil. Nous pouvons l'approximer, s'en rapprocher sans jamais le fixer. C'est pour cela que les lumières peuvent représenter un désir irrépressible et donc source de malheur puisque inatteignable .
En réponse, Kant énonce : « Peut-être cela ne ferra-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue ». Le philosophe qui est pourtant un philosophe des lumières nous montre donc une autre facette de la connaissance et nous amène à nous demander si l'on est pas plus heureux en tant qu'ignorant. Nous pouvons à nouveau le rapprocher du texte de Platon en effet, les hommes enchaînés au fond de la caverne ne sont-ils pas plus heureux tant qu'ils n'ont pas eu conscience de se qui se passe à l'extérieure ? N'est ce pas plus facile de rester enfermé dans le confort de l’obscurité plutôt que d'affronter la lumière ? Cela est en complet en désaccord avec les lumières qui veulent sortir les gens de l'obscurantisme. Les « maux », comme le désigne Kant, signifient ce qui fait souffrir la personne, ce qui est mal et, en effet, le regard pénétrant que donne la connaissance peut amener à la vue des choses douloureuses jusque là laissées de côté. Par exemple, les philosophes, en sortant les adeptes de l’obscurantisme religieux cela peut les amener à avoir conscience de la réalité de la mort qui ne peut pas être atténuée comme avec la vision religieuse. Et ces derniers comme le précise Kant sont « inévitables ». « Ou bien charger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire », ainsi la connaissance peut nous amener à la découverte de nouveaux plaisirs qui sont donc associés à des désirs et le besoin de les satisfaire. Son approche dans son époque est intéressante puisqu'il nuance le développement des connaissances qui ne pourraient, au final, ne pas être bénéfiques.
Enfin, en tant que dernière question et également en tant que désir le plus universel : « Veut-il une longue vie ?» cela est de même ancrée dans les mœurs de sa société car elle voit les progrès de la science et l’augmentation de la durée de vie. Or, au même titre que le bonheur, la vie n'est elle pas appréciable car éphémère ? Ensuite, comme avec chaque désir, il l'associe à la souffrance et au malheur ainsi, il nous répond à travers un interrogation car il semble naturel de se demander si « ce ne serait pas une longue souffrance ? ». Or, comme pour l'exemple du revenu, tout est relatif et l'Homme veut toujours plus d'argent, de longévité … même si à un certain point cela fait l'effet inverse.
Kant associe donc à chaque désir que l'on pourrait nommer d’irrépressible puisqu' inatteignable le malheur ou la souffrance qui y est lié et souligne que l'être fini ne saurait pas choisir ce qu'il veut même parmi ces trois propositions. Et qu'en serait il pour un être non fini comme nous l'avions souligné précédemment, est-il de même tourmenté de la même manière par ces questionnements ? De plus, Kant met en avant les mœurs de son temps animé par des désirs individuels en aucun cas basé sur le bonheur d'autrui qui est peut être la seule vraie source de joie. Dans la suite du texte nous allons donc nous intéresser au problème qui se pose sur les actions qui mènent au bonheur.
Enfin, Kant pose un problème : « Le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale ». En effet, au début de la phrase se présente déjà un problème : Comment peut-on déterminer quelque chose d'une façon sûre et générale c'est à dire qui se rapprocherait de l'absolu, de l'universelle, de la vérité. L'Homme ne semble pas être capable d'atteindre l'universel d'ailleurs, dans la nature, le particulier est beaucoup plus commun que le général. Trouvons deux humains identiques ? Difficile.... Deux humains différents ? Naturellement facile. Il ajoute à ce qui semble déjà un problème : « quelle action peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable ». Par action nous pouvons comprendre la manière de vivre, actes, manière de penser, action spirituelle ou bien la suivie d' impératifs à suivre comme il le préconise dans son œuvre : Critique de la raison pratique, où il défend que pour être libre il faudrait suivre les impératifs catégoriques, basés sur une morale universelle et qui serait contre la hiérarchisation, qui ne légitime pas à l'inverse des impératifs hypothétiques. Nous noterons de même l'emploie du verbe favoriser et pourquoi pas dans le cas d'un problème d’emblée amener le bonheur. En effet, favoriser s'avoisine à l'approximation, le fait de tendre vers une chose sans jamais l'obtenir ou bien favoriser dans le sens une marche pour nous amener au bonheur. Quelle action peut favoriser le bonheur voilà donc le problème mis au jour par Emmanuel Kant... Néanmoins, il revient sur son concept d'être en particulier, tout d'abord l' « être fini » puis maintenant l' « être raisonnable », il semble cependant parler de la même vision de l'Homme que l'on pourrait qualifier de « normal ». Il peut quand même apporter une nuance puisque précédemment l'être fini était associé était associé à la connaissance de ses désirs. Or un Homme, un être fini est-il forcément raisonnable ? A l'évidence : non ! Le fait de dire être raisonnable nuance donc les propos pour atteindre le bonheur faudrait-il donc en plus d'être fini être aussi raisonnable. Cela ne semble cependant pas en accord avec notre expérience car ceux qui semble le plus proche du bonheur serait plutôt les personne pas finies et excentrique, extravagant ( et déraisonnable ). Peut être que Kant ne cherche pas dans le bon sens puisque l bonheur d'un être raisonnable et peut être inaccessible ou au contraire il en a conscience et veut expliquer cela. Et cela comme il le dit est un « problème tout à fait insoluble ». Si l'on apportait une définition chimique, deux espèces sont insolubles lorsqu'elle ne sont pas miscibles c'est à dire lorsqu'elle ne se mélange pas mais forme deux phases distinctes. Un problème insoluble est donc un problème avec deux bord opposés et invraisemblable il y aura toujours une opposition de phase. On pourrait donc par exemple penser aux deux éléments irréconciliables : déterminer d'une façon sûre et générale une action et de l'autre favoriser le bonheur d'un être raisonnable. « il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux ». Un impératif est une loi de conduite à tenir, une obligation. Ainsi, Kant souligne à travers l'ajout « au sens strict du mot » le fait que les impératifs commandent, ils imposent un façon de vivre. Désolé j'ai un impératif, ne dit-on pas cela quand nous devons absolument faire un action, alors le reste n'est que secondaire. Les impératifs nous contrôlent donc. Comme nous l'avons mentionné, Kant dans son œuvre : Critique raison pratique nous donne à voir le bon côté de suivre les impératifs catégoriques c'est à dire les impératifs qui ne sont pas en fonction des circonstances. De fil en aiguille, il conclut par le fait que suivre les impératifs catégoriques amènent à une morale universelle et favorise la liberté, le libre arbitre ( c'est à dire le fait d'agir sans contraintes, phénomènes ou influences extérieures ). Or, Kant dit qu'il n'y a pas d'impératifs qui puissent commander de « faire ce qui rend heureux », cependant, dans son œuvre précédemment citée, il nous informe que des impératifs peuvent favoriser la liberté. La liberté ne serait donc pas facteur de bonheur ? La liberté ne suffit-elle pas ? Et puis même s'il existait des impératifs qui rendraient heureux Mr X, rendraient-ils heureux Mr Y ? Le Bonheur n'est-il pas subjectif ? En tout cas, il semble être plus subjectif que la liberté bien que cela se défende... Par conséquent, dans notre société il semble plus aisé de définir la liberté : absence de contrainte extérieure, agir selon son libre arbitre sans influence extérieure mais cependant forcément des influences intérieures puisque les phénomènes conscients ne sont qu'une infime partie de notre activité mentale. Ce sont cependant les seules choses qui nous sont perceptibles le reste est caché, c'est comme sur internet : la partie visible que tout le monde connaît d'internet ne représente qu'une infime partie de ce que cela est réellement et pour cela il faut découvrir l'univers du « Dark net ». Maintenant, tentons de définir le mot bonheur d'après notre société : on pourra l'associer à la vision stoïcienne : la tranquillité de l'âme et l'absence de passions autrement dit l'union de l'ataraxie et de l'apathie. Ensuite, Kant ajoute que la raison pour laquelle il n'existe pas d’action qui assure d'être heureux résiderait dans le fait que « le bonheur est un idéal ».Par définition, l'idéal c'est ce qui est construit par l'esprit et qui ne se rencontre pas dans le réel. De même, par idéal, nous pouvons comprendre : inatteignable, ce qui ne rencontre jamais entièrement dans la réalité mais que par bribe. Par exemple, la paix est un idéal en effet, bien que certains pays soient en paix d'autres ne le seront jamais et même s'ils l'étaient en changeant d'échelle la paix ne régnera jamais dans toutes les familles, dans tous les quartiers du monde. Le bonheur ne régnera donc jamais entièrement sur notre esprit. Même si cela peut être possible, est il concevable pour la pérennité de notre espèce ? Le bonheur est un idéal, « non de la raison, mais de l'imagination ». La raison c'est ce qui nous permet de distinguer ce qui est bien et mal, d'exercer notre esprit critique, de réfléchir, de raisonner... Un idéal de la raison serait donc si l'on en suit les idées kantiennes un idéal théorique sans rapport avec la réalité et l'expérience et donc dénué de toute véracité qui s'adapterait plutôt au domaine des mathématiques. Or, le bonheur serait d'après lui un idéal de l'imagination. L'imagination est une faculté de notre cerveau propre aux espèces avancées qui permet de se projeter dans le futur mais aussi de conceptualiser de manière visuelle et mentale ce qui se rencontre dans la réalité. L’imagination produit des schèmes qui sont forcément en accord avec notre expérience et le monde qui nous entoure et donc « fondé sur des principes empiriques ». L'imagination, bien qu'elle puisse être exubérante, prend forcément source dans le réel car, dans le cas contraire, aucune forme visuelle ne pourrait en découler. Le bonheur est donc un idéal, chose inatteignable, découlant ici de l'imagination et prenant donc source dans le réel sans pour autant qu'on puisse l'y rencontrer.
Enfin, après avoir montré que le bonheur est un idéal fondé uniquement sur des principes empiriques ( ce qui est paradoxal puisque si cela est un idéal alors il n'est pas expérimenté et ne devrait pas au minimum être composé uniquement de principes empiriques mais aussi de principes purs à priori), le philosophe insiste qu'on attendrait des principes empiriques qu' « ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie ». Ainsi, le philosophe empirique n'émet même pas l'hypothèse que les principes purs a priori est un rôle dans la conceptualisation du bonheur et les actions plausibles pour l'atteindre mais tout dépendrait de l'expérience et même si le bonheur est un idéal. C'est donc, d'après lui ces principes empiriques qui devraient déterminer un action qui permettrait de favoriser le bonheur alors que le bonheur est un idéal et donc que l'on ne peut pas rencontrer dans la réalité, ce qui est problématique … Le dernier problème est que, selon l'auteur, l'action qui pourrait découler des principes empiriques serait atteinte de « la totalité d'une série de conséquences », c'est à dire que, liée à cette action, une myriade de conséquences plus ou moins inattendues apparaissent car rien n'est du au hasard et chaque action que l'on fait entraîne nécessairement plus ou moins de répercussions comme le souligne la citation bien connue d'Einstein : « Dieu ne joue pas aux dés » ce qui signifie que rien est du au hasard ( en arabe « al-zahr » signifie dés). Par ailleurs, hasard signifie ce qui est inexplicable, causes inexplicables, méconnaissance des paramètres rentrants en ligne de compte. Par conséquent rien n'est donné comme tel : une action n'a pas une seule répercussion mais tout est construit et cela à de multiples répercussions qui seraient selon Kant « en réalité infinie ». Or qu'est ce que la réalité ? C'est ce que nos rencontrons dans le réel, dans le monde qui nous entoure, les phénomènes qui s'y déroulent et l'ensemble des objets qui y sont associés. Or, l'infinie n'est pas définissable réellement et ne se rencontre pas dans le réel car même le nombre d'atomes qui composent notre univers devrait avoir un nombre fini de chiffre. En « réalité infinie » peut donc être associé à un oxymore puisqu'il relie deux mots par définition opposés cependant, cela permet pour Kant de souligner que nous n'avons pas la main sur les conséquences d'une action et qu'à ce titre comment savoir si une action nous fait tendre vers le bonheur puisqu'elle a une infinité de répercussions ? Et c'est sûrement la raison pour laquelle nous ne pouvons pas répondre car ceci est de même un problème « insoluble ».
Conclusion :
Ainsi, nous avons vu que tous les hommes, et non toutes les femmes selon Kant ne peuvent pas être heureux du fait du manque de connaissance de soi et de ses désirs mais aussi parce que le concept du bonheur basé sur l'expérience est vide car inatteignable. En outre, l'être fini, comme le dit Kant et qui semblerait donc regroupé une partie de la population ne sait pas choisir parmi les désirs irrépressibles qui le tiraillent et qui cependant ont pour seule fin le malheur comme le souligne Kant de manière anaphorique. Enfin, il essaye de résoudre le problème concernant les actions qui pourrait favoriser le bonheur chez un être raisonnable et inclut donc encore une petite partie de la population. Cependant, ce problème est composé de deux « phases » : bonheur de l'homme raisonnable et action qui ne peuvent pas se rejoindre et forme donc un problème insoluble. Pour finir, nous avons vu que comme le souligne Kant : le bonheur est un idéal puisque simple construction de notre imagination et paradoxalement selon Kant, cet idéal serait basé sur des principes empiriques... Enfin, nous avons vu que trouver une action favorisant le bonheur est impossible puisque chaque action est associée à une infinité de conséquences ou du moins un très grand nombre puisque l'infinie n'existe pas dans notre monde.
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